Depuis les premières pièces de monnaie française en 1360, jusqu’aux dernières en 2002, le franc français a connu une histoire mouvementée. Avant de s’effacer au profit de l’euro, le franc français était abrégé F ou FF – franc français – pour le distinguer de ses homologues suisses ou belges. Retour sur cette épopée de la monnaie de France.
Le franc à cheval
En 1356, alors que la guerre de Cent Ans dure déjà depuis près d’un quart de siècle, l’ennemi anglais attaque à Poitiers les troupes de Jean II le Bon, roi de France. Malgré une armée numériquement supérieure, le souverain se montre fort mauvais tacticien et se retrouve prisonnier.
Une monnaie d’or – à 24 carats pesant 3,88 grammes – est émise le 5 décembre 1360, afin de payer sa rançon et le décréter libre des Anglais, autrement dit « franc » des Anglais. La pièce représente le souverain à cheval, ce qui lui vaut le nom de « franc à cheval ».
Jusqu’à la Révolution Française, la monnaie française évolue, perd parfois la face au profit de l’écu d’or, mais réapparaît périodiquement. En 1365, Charles V crée le « franc à pied », car le souverain est représenté sans sa monture, mais toujours avec son épée. Le franc à cheval effectue néanmoins son grand retour en 1422, sous le règne de Charles VII.
Le franc français et ses divisions
La création de la monnaie franc argent revient à Henri III, c’est le « franc blanc », qui est divisé en demi et quart de franc. Les pièces de monnaie française ont cours jusqu’au règne de Louis XIII qui revient au louis l’or, aussi décliné en louis d’argent, en 1641.
Le franc français ne disparaît cependant pas totalement, car nombreux sont ceux qui lui restent attachés. Des écrivains comme Boileau ou Molière le citent toujours dans leurs œuvres, tout comme madame de Sévigné.
Au moment de la Révolution Française de 1789, les dettes de la France sont si colossales qu’une monnaie papier voit le jour, d’abord sous forme de billets d’escompte, puis d’assignats.
La naissance du franc français moderne
Le 18 nivôse an III, soit le 7 janvier 1795, une loi autorise l’émission des premiers assignats libellés en francs. Le 15 août 1795, la loi du 28 thermidor an III décrète que « l’unité monétaire porterait désormais le nom de franc. […] Le titre de la monnaie d’argent sera de 9 parties de ce métal pur et d’une partie d’alliage ; la pièce d’un franc sera à la taille de 5 grammes ». Ainsi naît le franc français moderne.
Le franc germinal
Napoléon Bonaparte entend mettre bon ordre dans les finances françaises et fin à l’anarchie qui fait se côtoyer des écus, des francs, des louis d’or et des pièces révolutionnaires. La loi du 14 germinal an XI, soit le 4 avril 1803, fixe comme monnaie française officielle le franc germinal.
La Banque de France – qui fut créée en 1800 – émet seule les pièces de monnaie française, ainsi que les billets. Le franc germinal disparaît avec la première guerre mondiale.
La fin programmée du franc français
Le 10 décembre 1991, le traité de Maastricht prévoit la création d’une monnaie commune, l’ECU – l’European Currency Unit – qui devient l’euro sous la pression allemande. Le 1 er janvier 1999, l’euro devient la monnaie commune et le franc français n’est plus la monnaie officielle de France.
Le 17 février 2002, les pièces de monnaie française et les billets sont démonétisés et entrent dans la catégorie des pièces de collection qui font le bonheur des numismates.