Le billet présenté dans cet article célèbre un personnage important de l’histoire de France, le Lyonnais Antoine de Saint-Exupéry. L’auteur est mondialement reconnu pour ses contributions à la littérature, notamment pour la publication de l’ouvrage Le Petit Prince en 1943 ; l’un des livres les plus traduits au monde (plus de 300 langues, braille inclus). S’il est surtout célébré en France et à l’étranger, Saint Exupéry était aussi un grand aviateur.
Ce billet a été conçu dans les années 1990, par la Banque de France, en hommage à Antoine de Saint-Exupéry. Le graveur suisse Roger Pfund, déjà mis à contribution par la Banque de France pour la création de billets, était chargé du visuel.
Né au début du XIXᵉ siècle dans une famille de la noblesse lyonnaise, Saint-Exupéry a rapidement commencé à voler. Au milieu des années 1920, alors qu’il sert dans l’armée française, il apprend le métier d’aviateur. En 1926, il est embauché par la société Latécoère qui deviendra plus tard l’Aéropostale. Chargé de transporter le courrier de la France vers le Sénégal, puis en Amérique du Sud, il s’est inspiré de ses expériences d’aviateur pour devenir écrivain. Ses premiers romans, Le Courrier Sud et Le Vol de Nuit, ont connu un grand succès, le second ayant remporté le prix Femina et ayant été adapté au cinéma. De nombreuses œuvres de Saint-Exupéry explorent le courage et la bravoure dont font preuve les aviateurs à cette époque.
Au long de sa période chez Aéropostale, il est en charge de l’escale aérienne du Cap Juby au Maroc où il devient responsable de négocier la libération d’aviateurs pris en otage. Une tâche qui lui vaut d’être décoré Chevalier de la Légion d’honneur. Au Maroc, un musée Antoine de Saint-Exupéry est créé.
En 1939, l’aviateur publie Du vent, du sable et des étoiles : Œuvres, qui relate les difficultés qu’ils rencontrent lors d’une course aérienne pour battre le record de vitesse sur le trajet Paris-Saigon. L’auteur, accompagné de son mécanicien, s’est écrasé dans le désert libyen après un vol de 20 heures. Bien qu’ils aient tous les deux survécus à cette expérience, ils sont restés bloqués dans le désert pendant trois jours, privés de nourritures et d’eau, laissés à eux-mêmes sous une chaleur étouffante. Ils ont eu la chance d’être découverts par un bédouin qui leur a sauvé la vie. Cette publication est devenue l’un de ses livres les plus médiatisés et lui a valu le Grand Prix du Roman de l’Académie française et le National Book Awards aux États-Unis.
Le billet contient également des éléments qui font référence à son œuvre la plus célèbre : Le Petit Prince. L’histoire, en partie inspirée de l’accident, décrit dans le paragraphe précédent, raconte les aventures d’un jeune prince venu d’un astéroïde qui est retrouvé par un pilote bloqué dans le désert. C’est un livre pour enfants, mais c’est aussi une réflexion philosophique sur le monde des adultes. Il est devenu l’un des livres les plus vendus de tous les temps et a été adapté en de nombreux films, opéras et ballets, jeux vidéo et de société, et même un film en 3D.
Regardons ensemble les éléments de cette histoire atemporel sur le billet : Nous apercevons un portrait bien visible présenté au recto et au verso du billet, le Petit Prince au sommet de l’astéroïde B-612, sa maison.
Ensuite, du côté gauche, tout en haut, il y a l’image d’un éléphant à l’intérieur d’un boa constrictor. Celui-ci est énigmatique parce que les lecteurs l’identifient normalement comme un chapeau avant de comprendre qu’il s’agit en fait de l’éléphant qui s’est fait manger. Sur le billet, cette ambiguïté est reproduite sur une image imprimée à couleur changeante, de sorte que, vue sous certains angles, l’image semble verte, tandis que sous d’autres, elle est bleue.
En outre, un passage du livre en forme de ligne, situé en haut et à gauche de la note, lisible uniquement avec un microscope ou un zoom, se lit de façon répétée : “Il y avait sur une étoile, une planète, la mienne, la Terre, un petit prince à consoler ! Je l’ai pris dans mes bras”.
La 4ᵉ et dernière référence est l’illustration d’un petit bélier, également un personnage du livre, imprimé en blanc. Celle-ci n’est visible qu’à l’aide d’une lumière ultraviolette. L’idée est d’évoquer la phrase peut-être la plus célèbre et la plus intemporelle de cette histoire : “On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.”
Découvrez les détails techniques de la Banque de France à propos de ce billet ICI.
Parmi les options présentées par Pfund à la Banque de France figure cet autre modèle sans le boa constrictor et l’éléphant, le bélier, ainsi que les couleurs blanche et verte des vêtements du Petit Prince. Ce dernier, dans cette version, était habillé de blanc et de rouge. La célèbre réplique “Il y avait sur une étoile, une planète, la mienne, la Terre, un petit prince à consoler ! Je l’ai pris dans mes bras” était visible à l’œil nu au dos du billet et non au recto.
Ce billet peut être trouvé aujourd’hui en format épreuve, bien qu’il soit très rare. On estime qu’il n’en existe que 10 dans le monde.
Antoine de Saint-Exupéry rejoint l’armée française pendant la Seconde Guerre mondiale en tant qu’aviateur et effectue des missions de reconnaissance. Il est mort le 31 juillet 1944, lors de sa dernière mission en Corse. Bien que son corps n’ait jamais été retrouvé et qu’il n’y ait pas eu d’autres informations sur sa disparition, il n’est jamais revenu de cette mission. Il a été considéré comme mort au combat et son nom a été ajouté au Panthéon.
Son héritage, tant à la littérature qu’à l’aviation, continue d’être perpétué de nos jours. Saint-Exupéry reste un héros et une légende national.