Le retrait des pièces de 1 et 2 centimes d’euros revient à la table des discussions de la Commission européenne, sous la présidence d’Ursula Von der Leyen. Cela rentre dans le cadre des nouvelles mesures initiées par la nouvelle présidente, qui pourrait officialiser l’abandon de ces pièces en 2020. Ces pièces sont en effet à la source de plusieurs controverses.
La question de leur retrait avait déjà été soulevée en 2013. En cause, de leur coût de production. En effet, la valeur nominale des pièces de 1 et 2 centimes est inférieure à leur coût de production.
« La production de pièces de 1 et 2 centimes est clairement une activité déficitaire pour la zone euro. La différence entre la valeur nominale des pièces et le prix payé par les États pour les faire s’est soldée par une perte cumulée totale estimée à 1,4 milliard d’euros depuis 2002 », avait déclaré la Commission dans un communiqué de presse. Cela représente en moyenne 12,7 millions par an.
Des pays membres de l’Union n’émettent plus ces pièces
Les pièces de 1 et 2 centimes coûtent très cher à frapper et à transporter. Celle d’un centime coûte environ 1,65 centime.
Sous l’ère Jean-Claude Juncker, la commission avait adopté une communication dans ce sens en décembre 2018. De nombreux États membres n’émettent en effet plus de pièces de 1 et 2 centimes d’euros. C’est le cas de l’Italie, de la Belgique, de l’Irlande, de la Hongrie et de la Finlande.
La Belgique a notamment incité les commerçants à ne plus accepter ces pièces, car ils ne pouvaient souvent pas rendre la monnaie aux clients. Un arrêté pris le premier décembre les oblige à arrondir les prix pour les paiements en espèces.
Avec le retrait de ces pièces, la Commission européenne vise un double objectif économique :
- La réduction du volume d’argent physique en circulation, pour favoriser le paiement électronique
- Réduire le coût de production de ces pièces pour les États membres.
Un paradoxe pour les usagers
Pour les usagers, le statut de ces pièces est assez paradoxal. En France, un sondage de la BCE a montré que 24 % des Français n’utilisent pas ces pièces. Ils les gardent ou s’en débarrassent. Ce qui pose un problème de circulation, car la pénurie de pièces entraîne la fabrication de nouveaux exemplaires. En outre, 58 % des Français seraient favorables à la suppression des pièces de 1 et 2 centimes.
Cependant, certains usagers sont plutôt attachés à ces pièces, le contact de l’argent physique étant important pour eux. D’autre part, elles servent à protéger le consommateur des dérives inflationnistes. Les commerçants seraient en effet tentés d’arrondir les prix des produits et services au niveau supérieur.
Pour éviter cette éventualité, la Commission européenne prévoit de mettre en place des règles communes d’arrondi. Elle ne concerne cependant que les paiements en espèce, et ce sont les suivantes :
- Pour le prix d’un produit dont le centième de la décimale est égal à 0,01 ou 0,02 euro, on arrondit à 0,00 euro.
- Si le centième est compris entre 0,03 et 0,07 euro, on arrondit à 0,05 euro.
- Si le centième est égal à 0,08 ou 0,09 euro, on arrondit à 0,10 euro.
L’arrondi ne se fait pas sur chaque article individuellement, mais sur le montant de la facture de l’ensemble des achats.
La Commission européenne présentera une proposition législative en 2020, après avoir étudié l’impact économique de la mise en œuvre de ces règles d’arrondis. Les pièces de 1 et 2 centimes représentent près de la moitié des pièces en circulations dans la zone euro. Les pièces de 1 centime totalisent une valeur de 67 millions d’euros, tandis que les pièces de 2 centimes représentent un montant global de 564 millions d’euros.
Le retrait des pièces ne fait pas l’unanimité
La question du retrait des pièces de 1 et de 2 centimes fait débat au sein de l’Union. Certains pays se montrent circonspects à l’idée de retirer des pièces de centimes. C’est notamment le cas de l’Allemagne, où la CSU se montre réticente aux règles d’arrondi.
En outre, le Süddeutsche Zeitung révèle qu’il y a en moyenne 175 pièces de 1 et 2 centimes dans un foyer allemand. Les Allemands les gardent bien au fond de leur portefeuille, pour d’éventuels petits achats.
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