L’économie de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) a été perturbée, en 2019, à la suite d’une pénurie inédite de pièces de monnaie dans la région. Cette pénurie a particulièrement affecté le Cameroun. Durant le deuxième semestre, les usagers éprouvaient de plus en plus de difficultés à disposer des petites pièces de monnaie, notamment les pièces de 50 et de 100 FCFA.
Les pièces de monnaie sont indispensables dans les petites transactions entre clients et commerçants. Leur pénurie est un véritable handicap à l’économie locale. Des marchands refusent de plus en plus certaines transactions, par manque de pièces de monnaie à rendre.
« La rareté des pièces de monnaie bloque énormément de transactions financières et certaines activités. Le matin, il est difficile d’emprunter un taxi, car le conducteur vous dit qu’il n’a pas de monnaie pour votre billet de banque, ou bien pour votre pièce de 500 francs CFA. Au marché, nous vivons ce même calvaire », a expliqué la ménagère Asta Djam à Anadolu, une agence de presse turque.
Ravitaillement de nouvelles pièces
Fin 2019, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a pris des mesures correctives, en injectant un « important volume » de pièces dans le circuit économique de la CEMAC. Cette initiative a été annoncée le 18 décembre 2019 par le gouverneur de la Banque centrale, Abbas Mahamat Tolli. C’était à Douala, lors de la dernière réunion du Comité de politique monétaire de 2019.
Les principales agences de la Banque centrale sont ravitaillées en premier, suivies des agences secondaires, plus reculées. Pour faciliter la circulation rapide des pièces dans tout le CEMAC, les banques commerciales qui veulent se refinancer auprès de la Banque Centrale sont tenues de collecter un certain volume des pièces qui faisaient l’objet de pénurie.
Le volume, ou le montant total des pièces émises par la Banque centrale n’a pas été communiqué. Cependant, le gouverneur de la BEAC a affirmé qu’il y en avait assez pour répondre à la demande des usagers.
Des mesures fermes pour stopper la pénurie
Lors d’une réunion du comité, en avril 2019 à Douala, la BEAC avait souligné son inquiétude sur les pénuries de petites pièces dans la sous-région. La banque avait alors incité les États membres de la CEMAC à interdire les salles de jeux qui collectaient les pièces de monnaie.
Ces lieux posent non seulement une entrave à la circulation et à l’accès des usagers aux pièces de monnaie, mais un phénomène plus inquiétant se produit, notamment au Cameroun.
Selon Business in Cameroon, des expatriés asiatiques gérant des salles de jeu auraient collecté des pièces de 50 FCFA et 100 FCFA à l’aide des machines à sous. Les pièces auraient ensuite été exportées en Asie puis recyclées et transformées en bijoux. Ce réseau clandestin d’exportation de pièces aurait donc contribué à la pénurie des pièces dans la zone CEMAC.
Selon le ministre camerounais des Finances, des Chinois ont été plusieurs fois interpellés à l’aéroport, en possession de sacs de pièces. En outre, il a rapporté que des Camerounais auraient aussi aidé les Chinois à collecter des pièces de monnaie, en échange d’une rémunération.
Les pièces de 50 et de 10 FCFA sont faites d’alliage cuivre-nickel, un métal très convoité dans la bijouterie traditionnelle chinoise. Selon le Groupe international d’étude sur le cuivre (ICSG), cette matière se revend à hauteur de 6 000 euros la tonne.
Une enquête de la BEAC est en cours sur ce sujet.
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