Le franc CFA est né en 1945. Son sigle signifiait à l’origine Franc des Colonies Françaises d’Afrique. Il remplace alors les émissions de la Banque de l’Afrique de l’Ouest – BAO

La monnaie qui va disparaître a aujourd’hui cours dans huit pays de l’Afrique de l’Ouest. Les six pays d’Afrique Centrale qui forment une zone monétaire distincte et utilisent également le franc CFA ne sont pas actuellement concernés par cette réforme.

Ce virage historique a valeur de symbole, car il acte définitivement l’émancipation des pays concernés. Voyons le mécanisme concret qui se met actuellement en place pour assurer la transition entre le FCFA et l’Eco.

Les pays concernés par la disparition du franc CFA

Le franc CFA était le symbole des colonies françaises. En 1960, avec la fin des colonies, il était déjà devenu Franc de la Communauté Financière Africaine, mais les Africains souhaitent faire disparaître tous les vestiges des colonies françaises et de ce que l’on appelait péjorativement la Françafrique. 

 Les huit pays de l’Afrique de l’Ouest concernés sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. La monnaie devient l’Eco et elle dépassera la zone du FCFA en devenant la monnaie unique de la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest, la Cédéao, qui regroupe quinze pays.

La fin du dépôt des réserves de change en France

Jusqu’à 2020, la Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest (la BCEAO) était tenue de déposer la moitié de ses réserves de change à la Banque de France. Cette obligation a pesé lourd dans la balance qui a aboutit à la disparition de franc CFA, car ses détracteurs y voyaient là un geste paternaliste humiliant de la France, vis-à-vis de l’Afrique.

Soucieux d’affirmer leur indépendance financière, en plus de leur indépendance politique, les partisans de l’Eco se réjouissent de la fin de cette obligation qui donnera tout pouvoir à la BCEAO, et ainsi, la possibilité de placer ses avoirs dans les actifs de son choix.

Le retrait de la France de l’Union Monétaire Ouest Africaine

La France disposait jusque-là de représentants au Conseil d’Administration et au Comité de Politique Monétaire de la BCEAO et à l’UMOA (l’Union Monétaire Ouest Africaine). Désormais, elle se retire totalement de toutes ces instances, afin de couper court à tous les reproches qui lui étaient adressés, l’accusant d’ingérence.

La BCEAO et l’UMOA prendront l’intégralité de leurs décisions, sans aucune intervention de la France.

La parité fixe avec l’euro demeure

Dans le souci de ne pas créer de risque d’inflation démesurée – comme c’est le cas dans certains autres pays africains – la parité fixe avec l’euro demeure. Elle est actuellement de 655,96 francs CFA pour 1 euro.

La conservation de la parité est loin de faire l’unanimité au sein de la communauté des économistes africains. Certains estiment en effet que l’arrimage à une monnaie forte comme l’euro est préjudiciable pour l’économie des pays africains concernés. Leur souhait est de miser sur l’emploi et la croissance économique, et moins se soucier des problèmes d’inflation. Pour eux, la stratégie la plus judicieuse consisterait à indexer l’Eco sur un panier des principales devises mondiales de leurs partenaires commerciaux privilégiés, à savoir le dollar, le yuan chinois et l’euro.

Cependant, il ne faut pas non plus négliger les partisans de cette parité qui pensent qu’elle apporte une stabilité et une sécurité des transactions monétaires dont ne bénéficient pas les autres pays d’Afrique. De plus, une monnaie forte évite que la monnaie locale ne devienne négligeable et que le dollar prenne le pouvoir sur l’économie. 

Et pour les collectionneurs ?

Si vous possédez déjà une collection de francs CFA, conservez-la précieusement, car elle va prendre de la valeur. Les derniers francs CFA frappés devraient également devenir des pièces particulièrement prisées des collectionneurs.